Un soir on a sonné à ma porte.
Toc! Toc ! ( j’ai un problème de sonnette moi … faut que je vois ça …)
« Bonjour Monsieur Richard ! » Me lance toute guillerette une silhouette mince comme celle d’un fakir. Vêtue de noir, la « chose » (une femme, un homme?) se tient dans l’embrasure de la véranda. Elle ou Il porte une faux.
« C’est quoi ce guignol ? » me dis-je.
–Bonjour, vous êtes qui ?
–L’Amour Monsieur, l’Amour !
–La Mort vous voulez dire ? (Il faut dire que l’habit fait parfois le moine et puis certains ont un drôle d’accent)
–Non, ça c’est votre voisine à qui j’ai emprunté les fringues s’amuse-t-elle (il) en découvrant des chicots pires que ceux d’un copain qu’on a tous. Photo Zarno
–Bref, vous venez pourquoi Monsieur/Madame ?
–Monsieur, Monsieur.
–Quoi Monsieur Monsieur, vous êtes deux ?
–Non, je suis seul, comme vous et j’apporte l’Amour ! Vous connaissez l’Amour ?
–Ben, j’ai donné un peu, oui, comme tout le monde.
–Mais connaissez-vous le Grand Amour ?
–C’est pour un sondage ?
Il commençait à me courir le grand échalas. C’est qui ? Un témoin de Jéhovah qui vend des articles pornographiques ? Pire, un hippie ?
Je veux le choper par le colbac pour le flanquer dehors, mais mes mains ne rencontrent que rien et ma figure se pète le nez contre une paroi.
–Vous êtes passé dedans Monsieur Richard. Ricane-t-il
–Vous voulez dire à côté ?
–Non, j’ai bien dit dedans. Le Grand Amour est impalpable ! Grandiloque-t-il.
Je me risque : « On peut le peloter un peu quand même ?… Non, mais juste un peu ? »
A ces mots, le moche importun nous joue le grand outragé de la scène 5.
–Comment osez-vous ? Je venais vous prévenir que le Grand Amour était pour demain !
–Mais JE M’EN FOUS de votre truc, demain j’ai Chinois ! Et à moins qu’une crevette grise ne me fasse un clin d’œil bleu, votre article périmé, il attendra encore ! Et puis d’abord, je n’ai pas envie d’avoir un sourire béat, c’est mauvais pour mon image…
–Réfléchissez encore Monsieur Richard … ssurrsussurresure-t-il (c’est un peu susur joué ok mais il m’énerve).
–C’est tout réfléchi, tu prends tes guenilles et tu vas vendre ta salade ailleurs …
La chose se coiffa d’une capuche, car la neige menaçait, et se perdit dans la nuit.
Bizarre tout de même ce costumé… en plus je n’ai pas de voisine !!!